Le risque nucléaire est démesuré, n’en parlons surtout pas!

Lors de la séance du Conseil communal de ce lundi 11 juin 2018, nous avons présenté une motion demandant l’organisation de séances d’information sur les risques nucléaires comme le propose l’AFCN (Agence Fédérale de Contrôle Nucléaire). Nous voulions aussi rappeler l’importance des pastilles d’iodes, distribuées gratuitement dans les pharmacie, ou de la réalisation d’un plan d’urgence personnel.  Enfin, nous avons demandé d’organiser un exercice d’évacuation nucléaire, en collaboration avec la Province ou d’autres communes de la région. Dans la foulée, nous avons plaidé pour que le calendrier de sortie du nucléaire soit respecté et que le réacteur de Tihange 2 (micro fissuré) soit mis à l’arrêt sans délai. Il faut savoir qu’une demande similaire a été formulée, à l’unanimité, par les conseils communaux de Maastricht et d’Aix-la-Chapelle. Le texte complet de notre motion est téléchargeable à cette adresse.

A notre grande surprise, cette motion a été rejetée par la Majorité au motif qu’elle ne concerne pas des compétences communales. Est-ce une mauvaise lecture du texte ou de la mauvaise foi? L’organisation de séances d’information, la publication d’un article dans le journal communal ne serait plus une compétence communale? Bien sûr que si mais on ne touche pas au nucléaire !  Et tant pis, si, pour cela, il faut taire certaines vérités qui dérangent.

Le plus étrange dans cette histoire c’est que la Majorité a approuvé, juste après, une motion introduite par le cdH. Celle-ci demande à la RTBF la gratuité des droits de retransmission des matchs de la Coupe du Monde dans les espaces publics. Est-ce que la politique tarifaire de la RTBF est devenue une compétence de la Commune d’Aywaille ?

La Majorité impose son nouveau plan de circulation

L’aménagement de la Place Thiry a déjà fait couler beaucoup d’encre. Nous sommes, bien sûr, d’accord qu’il faut embellir la place. On ne peut la laisser dans son piteux état actuel. Par contre, nous ne savons toujours pas si le nouveau sens de circulation, voulu par Philippe Dodrimont, permettra d’améliorer la fluidité du trafic et la sécurité de tous les usagers dans le centre d’Aywaille. Pour cela, il faudrait pratiquer à de nouveaux comptages comme nous le demandions déjà en 2016. Malheureusement, deux décisions du dernier Conseil vont rendre la création du giratoire encore un peu plus irréversible. Il s’agit du vote d’un budget extraordinaire complémentaire et de l’approbation des conditions de marché pour l’aménagement des rues du Rivage, de l’Enseignement et de la rue François Cornesse. La Majorité a bien essayé de nous expliquer qu’il s’agit de travaux préparatoires et qu’on pourra encore faire marche arrière. Dans les faits, ce sera impossible. L’échevin des travaux a fini par le reconnaître. La rue François Cornesse sera mise à sens unique, définitivement. On ne sait toujours pas à quoi servira le contournement de la Place Thiry mais plusieurs centaines de milliers d’euros lui seront consacrés !!

Souvenons-nous de Benjamin Franklin

Enfin, nous avons voté contre l’installation, par la Commune et sur l’entièreté de son territoire de caméras de surveillance. Lors du conseil du 30 janvier 2014, nous nous étions déjà opposés à cette dangereuse dérive sécuritaire. On veut nous faire croire que les caméras de sécurité lutteront efficacement contre la délinquance. De nombreuses études montrent que c’est une erreur.  Même si, dans certains cas, les caméras peuvent se révéler utile, il est illusoire d’imaginer qu’elles rendront nos rues sûres et sans danger. Aujourd’hui, on s’inquiète partout de l’utilisation de nos données individuelles par de grandes entreprises comme Google ou Facebook. On a raison de le faire. Mais demain, avec des logiciels de reconnaissance faciale, l’Etat, la police pourraient être tentés de sanctionner tous les comportements ‘déviants’. La Chine a déjà franchi ce pas. Les passants qui traversent au rouge ou en dehors des passages pour piétons sont sanctionnés. Leur visage apparaît sur grand écran, avec leur nom, leur numéro de carte d’identité et leur ‘note sociale’ sera diminuée,… Une sinistre version moderne du pilori du Moyen-Age!

Devant ces dangereuses dérives, nous avons rappelé ce conseil de Benjamin Franklin, un des pères fondateurs de la démocratie américaine. Il y a 250 ans, il déclarait: « Un peuple prêt à sacrifier un peu de liberté pour un peu de sécurité ne mérite ni l’une ni l’autre, et finit par perdre les deux ». A l’heure où les majorités de droite agitent partout le spectre de l’insécurité et de la peur de l’autre, il est bon de s’en souvenir.