Des emplois sacrifiés sur l’autel de la rigueur budgétaire
Lors du conseil communal de ce 29 septembre, la Majorité a voté le licenciement de 15 membres du personnel communal attaché au nettoyage des écoles et de la crèche. Bien sûr l’état des finances communales nécessite de faire des économies mais nous pensons que cette situation est le résultat d’une mauvaise gestion au cours des années précédentes. A force de vivre au-dessus de ses moyens, on finit par devoir licencier du personnel pour faire face à ses obligations financières. Et comme souvent, ce sont les petits qui paient les erreurs des décideurs.
Sur le fond, nous pensons que le calcul de la Majorité libérale n’est pas correct. Elle pense faire des économies en se séparant de 15 personnes mais elle oublie que ces personnes faisaient bien plus que du nettoyage dans les bâtiments communaux, notamment les écoles. Les femmes d’ouvrage communales participaient réellement à la vie de leurs écoles, elles se dépensaient sans compter pour l’organisation des fêtes scolaires, elles étaient aussi là comme des personnes de référence avec qui les enfants pouvaient avoir des contacts privilégiés, à qui ils pouvaient se confier. Cette dimension humaine est bien sûr totalement absente de la froide logique libérale qui se contente d’aligner des chiffres budgétaires.
La Majorité a confié ce marché à une société privée sans qu’aucune garantie ne soit accordée au personnel quant à leurs conditions de travail, leur salaire, le maintien de leurs années d’ancienneté. Ce sont donc 15 familles qui sont jetées dans la précarité suite à cette décision injuste. Que dire aussi de l’inquiétude du reste du personnel communal qui se demande si demain ce ne sera pas à son tour d’être sacrifié sur l’autel de la rigueur budgétaire?
Enfin, nous ne comprenons pas que la Majorité ait voulu prendre cette décision à huis-clos, sous prétexte qu’il y était question de décisions individuelles. Non, la décision de licencier 15 personnes n’avait rien de confidentiel et elle devait avoir lieu en séance publique. D’ailleurs, malgré cette vaine tentative d’éviter le débat public, celui-ci a bien eu lieu en début de séance puisque la salle du Conseil était pleine de travailleuses, de travailleurs, de leurs représentants syndicaux et de sympathisants venus manifester ouvertement leur opposition à cette décision.
Même l’UCM est contre le TTIP
Lors du Conseil communal du 28 mai 2015, nous avons introduit une proposition de motion dans laquelle la Commune d’Aywaille demandait l’arrêt des discussions relatives à ces négociations commerciales entre l’Europe et les Etats-Unis (le TTIP). La Majorité s’est bien évidemment opposée à ce texte et en a fait voter un autre qui encourage les négociateurs à poursuivre leurs travaux. Toujours cette pensée libérale qui croit que la croissance économique nous aidera à sortir de la crise dans laquelle nous pataugeons depuis tant d’années!
Pourtant, nous avons signalé à la Majorité que l’UCM elle-même (l’Union des Classes Moyennes) qui est pourtant bien plus proche idéologiquement du MR que d’Ecolo se positionne clairement contre la signature du TTIP. Dans l’éditorial du journal de l’UCM du 29 mai 2015, on peut lire qu » il serait naïf de croire que la redoutable Food and Drug Administration va modifier ses standards pour accepter des produits de terroir européen. A l’inverse, le traité semble mettre tout en place pour que les viandes aux hormones, irradiées ou traitées à la Javel, pour que les céréales et autres produits génétiquement modifiés trouvent leur place dans nos supermarchés. De la même manière, la concurrence n’est pas équitable entre une PME wallonne et une PME américaine. La seconde a des charges administratives minimales, bénéficie d’un coût de l’énergie très bas et de règles sociales qui lui permettent d’engager et de licencier quasiment à volonté du personnel bon marché. » l’article se termine par ses mots lourds de sens: « dans les circonstances actuelles, un marché unique risque de transformer nos pays en une colonie économique des Américains. C’est un jeu de dupes. » Rappelons-le, ce n’est pas nous qui le disons, c’est l’UCM !!
Un système à bout de souffle
Le licenciement des 15 travailleuses communales, l’entêtement de nos ‘élites’ politiques à conclure une nouvel accord de libre échange avec les Etats-Unis témoignent de cette fuite en avant dans la logique néo-libérale. La croissance à tout prix. Peu importe les conséquences humaines, sociales ou environnementales de cette foi déraisonnable dans le marché et dans ses vertus. D’un côté, on licencie du personnel excédentaire et de l’autre on force les gens à (re)trouver un emploi qui n’existe plus. Et le mouvement ne va pas s’arrêter en si bon chemin. L’automatisation, la robotisation continue son œuvre de destruction des emplois rémunérés au profit des plus riches. Face à cette érosion, un changement radical dans notre façon de concevoir le travail s’impose. Une des pistes en est très certainement la mise en place d’une allocation universelle (lire à ce propos la récente carte blanche de Philippe Defeyt) qui permettrait à chacun de retrouver une place digne dans la société sans être soumis en permanence au stress de garder son emploi ou d’en retrouver un même s’il n’en existe plus suffisamment pour tout le monde. Oui, il est possible de vivre décemment en dehors de la logique néo-libérale que tous les partis traditionnels cautionnent (MR mais aussi CdH et PS), c’est Ecolo qui l’affirme.