La très sérieuse revue ‘Science’ a publié, en mai 2017, un article dont le titre ne peut que nous interpeller : «Where have all the insects gone ? », Où sont passés les insectes ? On y présente une étude réalisée en Allemagne, dans différentes réserves naturelles près de notre frontière. Des chercheurs ont constaté qu’entre 1989 et 2016, le nombre d’insectes a baissé de 76% !! Cette baisse stupéfiante indique un effondrement des populations d’insectes, dont des pollinisateurs, qui sont au menu de nombreux petits animaux. Ce chiffre semble incroyable pourtant, ceux qui roulaient en voiture à l’époque se souviennent que leurs pare-brises étaient couverts d’insectes écrasés durant les mois d’été, contrairement à ce qu’on observe aujourd’hui.
Les causes de cette hécatombe ne sont pas encore complètement identifiées mais l’artificialisation des sols, l’usage intensif d’insecticides, de fongicides, d’herbicides dont le fameux glyphosate (commercialisé sous la marque Roundup par Monsanto) figurent parmi les principaux suspects. Sans verser dans le catastrophisme, il est clair que la situation demande une réaction énergique. C’est toute notre façon de concevoir le développement qu’il faut revoir.
Cette transformation doit se faire à tous les échelons de la société, du gouvernement fédéral au particulier en passant par la commune. Les autorités fédérales et régionales ont à interdire au plus vite la vente et l’usage des produits les plus dangereux. Si la commune n’est pas compétente dans ces matières, c’est elle qui détermine, comment on urbanise un territoire, quelles sont les exemptions au plan de secteur qui peuvent être accordées. De ce point de vue, nous dénonçons la volonté actuelle de la majorité wallonne, appuyée par de nombreux élus locaux d’assouplir encore la « règle du comblement ». Celle-ci permet déjà de construire en dehors des zones d’habitat si l’on se trouve entre deux bâtiments existants séparés de 100 mètres. On passerait dorénavant à 200 mètres et cette distance s’appliquerait des deux côtés de la voirie. La conséquence de cette inutile réforme est une poursuite de l’étalement urbain et une nouvelle perte de 8000 hectares pour la faune et la flore. Il est temps que les décideurs politiques mettent sérieusement les défis environnementaux au cœur de leurs actions.