Lors du Conseil communal de ce 22 janvier 2019, la nouvelle Majorité aqualienne a présenté sa Déclaration de politique communale pour les 6 années à venir. Techniquement, ce document présente la vision de la Majorité dans différents aspects de la politique communale : finances, personnel, aménagement du territoire, commerce,…. Il sert de base à l’élaboration du Plan Stratégique Transversal « outil de gouvernance au service de la modernisation de la gestion publique locale » qui devrait être présenté prochainement.
A ce propos, nous avons questionné la Majorité au sujet de la place qui serait donnée aux citoyen(ne)s dans l’élaboration de cet outil stratégique. Il nous semble en effet primordial qu’une concertation citoyenne soit organisée afin que ce plan soit le reflet de l’intérêt citoyen. Il nous a vaguement été répondu que cela pourrait être envisagé, mais que cela avait un coût…
Nous vous proposons ci-dessous un condensé des points qui nous ont interpellés, choqués, ravis dans cette déclaration.
Une ébauche de participation citoyenne
Nous saluons l’apparition d’un point « Participation citoyenne » dans cette déclaration. Y sont prévus la création d’un nouveau site internet plus intuitif et la création de budgets participatifs au sein de certaines commissions et des comités de quartier.
Nous aurions évidemment souhaité que cette participation soit poussée beaucoup plus loin, afin que les citoyens aient leur place à tous les niveaux de la gestion communale.
Absence de politique de mobilité
A la lecture de ce document, nous nous étonnons qu’il n’aborde en aucune manière la question de la mobilité. C’est un peu comme si la Majorité considérait que la Commune n’a aucun moyen d’actions sur ce point. Comme si la mobilité était quelque chose qui ‘tombe du ciel’ et qu’il faut subir. Pourtant, les pouvoirs locaux disposent de nombreux et importants leviers d’actions pour améliorer ou détériorer la situation dans ce domaine. Elle peut, bien sûr, développer des aménagements spécifiques pour les modes doux (vélos, piétons,… ) sur les routes communales,…
Plus fondamentalement, c’est la politique d’aménagement du territoire qui générera (ou non) le trafic routier. Cette politique est très largement dans les mains de la Commune. Or le point 8 (Aménagement du territoire) ne dit pas un mot à ce sujet.
Rien non plus sur l’adaptation aux changements climatiques
Même si on constate une prise de conscience du développement durable avec la volonté manifeste de mettre en place un « plan d’actions du développement durable » (point 2) ainsi qu’un « PAEDC » (point 19), on ne peut que regretter que la DPG n’aborde pas la question de l’adaptation aux changements climatiques. Qu’on le veuille ou non, ceux-ci sont déjà en marche. On sait déjà que notre climat va sensiblement changer dans les prochaines décennies. Nous pensons donc qu’il est plus que temps que les autorités communales prennent cette question au sérieux et qu’elle en tire les conséquences qui s’imposent en matière de politique d’aménagement du territoire, d’urbanisme, de gestion des cours d’eau et des forêts communales,…
En tant qu’écologistes, nous déplorons donc que la Majorité actuelle n’envisage même pas de modifier les pratiques de peuplement (de plantation) des forêts communales, en collaboration avec la DNF. Elle reste attachée aux plantations d’épicéas, alors qu’on sait qu’ils sont particulièrement sensibles aux épisodes de sécheresse, comme nous en avons connus cette année et comme nous en connaîtrons de plus en plus. D’autres méthodes (Pro Silva notamment) mériteraient vraiment d’être étudiées.
On a tort d’avoir raison trop tôt!
Le point 7 (Information) nous a beaucoup amusés ! On peut y lire « Nous sensibiliserons la population à l’intérêt de s’affilier au système Be.Alert ». Il faut savoir que c’est précisément un des points que nous avions demandé dans une motion sur la sortie du nucléaire et l’ information de la population que nous avions déposée lors du Conseil communal du 11 juin 2018. A l’époque, on nous avait ri au nez en nous expliquant que ces sujets n’avaient pas leur place au sein du Conseil communal. Nous avons sans doute eu raison trop tôt !
Un engagement à respecter scrupuleusement le plan de secteur
« Nous préserverons nos campagnes et nos forêts en respectant scrupuleusement le plan de secteur » (point 8. Aménagement du territoire) – « Nous poursuivrons une politique de strict maintien des zones agricoles et forestières au plan de secteur » (point 24. Agriculture).
Si la Majorité respecte cet engagement, cela signifie concrètement qu’elle ne s’autorisera plus de dérogations au plan de secteur pour construire dans ces zones et qu’aucune révision du plan de secteur touchant ces zones ne pourra être réalisée. De même, la règle du comblement (qui, en deux mots, permet de construire en zone non constructible entre deux maisons distantes de moins de 100 m) ne pourra plus être appliquée.
Nous nous réjouissons de ces engagements, car ils vont dans le sens d’un aménagement raisonné de notre territoire. Nous espérons, toutefois, qu’ils seront respectés, et nous ne manquerons pas de les rappeler au bon souvenir de la Majorité si elle devait s’en écarter.
Vers une vision d’avenir de l’aménagement du territoire
La Majorité annonce qu’elle va « réaliser, avec la participation des citoyens et des divers conseils consultatifs, un Schéma de structure (N.D.L.R. : maintenant appelé Schéma de Développement communal) définissant l’avenir de notre territoire » (point 8. Aménagement du territoire). Cela semble déjà un peu moins clair au point 21 (Logement et Urbanisme)…
Malgré sa valeur indicative, ce schéma peut être un garde-fous s’il n’est pas considéré par la Majorité comme un catalogue de bonnes intentions, ce que nous espérons à nouveau. Nous serons très attentifs à ce qu’une réelle participation citoyenne soit mise en œuvre lors de l’élaboration de cet outil.
Nature et biodiversité
La biodiversité n’apparaît pas dans cette déclaration. La commune a pourtant un rôle primordiale à jouer dans sa sauvegarde.
Dans son point 12. Tourisme, la Majorité prévoit de développer encore l’entretien des sites remarquables. On ne peut s’empêcher de penser au Ninglinspo, qui a vu une fréquentation exceptionnelle à l’été 2018. Revers de ce succès : problèmes de parking et biodiversité menacée par le piétinement accru et les toilettes sauvages.
La création d’un parking supplémentaire est prévue. Nous demandons l’installation de toilettes (sèches de préférence) sur le parking au départ de la balade en période de haute saison. Nous souhaitons que la commune installe au départ des balades les plus fréquentées un panneau à l’attention des promeneurs visant à les encourager à rester sur le sentier et à respecter la nature.
De même, nous espérons que les citoyens actifs dans le Plan Communal de Développement de la Nature (PCDN) seront impliqués dans tout ce qui peut toucher les espaces verts communaux, et notamment lors de la plantation d’arbres parrainés à chaque naissance envisagée par la Majorité (point 10), afin de sélectionner des essences indigènes et mellifères.
Une solidarité sélective ?
L’aspect social de cette déclaration est pour le moins succinct. Nulle part il n’y est fait mention de la paupérisation de la population et des difficultés rencontrées par une partie grandissante des citoyens.
S’il promet une meilleure prise en compte de la personne à mobilité réduite et un meilleur suivi des personnes âgées, le point 17 (Solidarités) ne répond nullement aux besoins de toute une partie de la population.
Nous saluons néanmoins le projet d’adopter une charte de la mixité sociale applicable dans les nouveaux projets immobiliers (point 21. Logement et Urbanisme). Nous espérons que cette charte sera élaborée en concertation avec les acteurs de terrain et qu’elle ne sera pas qu’une annexe dans un dossier mais bien un outil contraignant pour tout nouveau projet.
Un zeste de circuits courts… et des cantines scolaires plus équilibrées
La Majorité nous promet des « actions de soutien aux projets d’exploitations agricoles et des maraîchers locaux, notamment en favorisant les circuits-courts« . Elle prévoit également de mettre à disposition quelques terrains pour des producteurs locaux ainsi que des emplacements au sein du marché hebdomadaire.
Nous nous étonnons d’abord que cette production locale ne figure pas au point 9 (Emploi). Nous sommes pourtant persuadés que, si elle était réellement soutenue et valorisée par la commune, elle pourrait constituer un gisement d’emplois non négligeable.
Dans le même sens, la Majorité souhaite défendre la promotion d’une alimentation équilibrée auprès des écoles et imposer aux futures cantines d’utiliser des produits frais et de saison (point 23. Enseignement). Nous espérons que cela ne restera pas de vains mots mais qu’un projet d’ampleur mêlant écoles, citoyens et producteurs locaux, verra le jour dans les années qui viennent.
L’urgence du dossier de la piscine
Enfin, nous nous inquiétons qu’au point 18 (sports et infrastructures), il ne soit nullement question de l’avenir de la piscine communale. Pourtant, on sait bien que celle-ci est vieillissante.
A l’échelle d’une commune comme Aywaille, il s’agit là d’un ‘gros’ dossier qui demande d’être étudié en profondeur et certainement pas dans l’urgence. Veut-on garder une piscine communale ? Faut-il la déménager et si oui, où ? Veut-on gérer ce dossier en collaboration avec d’autres communes ? Veut-on la financer via un partenariat public-privé ? Nous estimons que ces questions essentielles doivent être abordées dès le début de la législature.
Photo by elizabeth lies on Unsplash